Outils du linguiste
- La commutation
- L'insertion
- Le déplacement
- La transformation
1- La commutation
Permet de faire apparaître des classes d'équivalence entre mots ou groupements de mots permettant de leur associer le même caractère distributionnel.
Exemple 1 sur les adverbes beaucoup, peu et très
Jules parle peu Jules est peu rigolo Jules téléphone peu souvent
Jules parle beaucoup *Jules est beaucoup rigolo *Jules téléphone beaucoup souvent
*Jules parle très Jules est très rigolo Jules téléphone très souvent
En conclusion :
- peu et très peuvent modifier un adjectif et un adverbe alors que beaucoup ne le peut pas;
- très ne peut pas s'employer avec un verbe contrairement à beaucoup et peu
Exemple 2 : décomposition des morphèmes
Isolation des plus petites unités de sens par commutation (substitution) d'une unité dans un contexte identique.
Décomposition de pommier :
pomm-ier est sémantiquement cohérent
pomm-eraie est sémantiquement cohérent
poir-ier est sémantiquement cohérent
donc les racines pom et poir sont des morphèmes ainsi que les suffixes -ier et -eraie
et poire sont des racines et -ier et -eraie des suffixes
Décomposition de fleuron :
fleur-on est sémantiquement cohérent
fleur-iste est sémantiquement cohérent
gir-on n'est pas sémantiquement cohérent
donc la racine fleur et les suffixes -on et -iste sont bien des morphèmes mais ce n'est pas le suffixe -on qu'on retrouve dans giron qui est un morphème à lui tout seul/
Exemple 3 : les classes distributionnelles
Le chat aime la nuit
Un chat aime la nuit
Ce chat aime la nuit
Mon chat aime la nuit
Tout chat aime la nuit
*Chacun chat aime la nuit vs Chacun aime la nuit
{le, un, ce, mon, tout} appartiennent à la même classe distributionnelle (en l'occurrence celle des déterminants) alors que chacun pouvant commuter avec le groupe [le chat] appartient à celle des groupes nominaux.
Principe développé dans l'analyse distributionnelle de L. Bloomfield et Z.S. Harris.
2- L'insertion
Cet outil consiste à insérer des éléments dans une phrase afin de démontrer l'indépendance de certains "mots".
Exemple : Nom + préposition de Nom - Base de données vs Pomme de terre
Base de données Pomme de terre
Base de données médicales Pomme de terre de bruyère
Base gigantesque de données médicales * Pomme douce de terre de bruyère
3- Le déplacement
Capacité de certains éléments à se positionner à différents endroits de la phrase.
Exemple des adverbes évidemment et grossièrement :
Il a évidemment refusé de venir il a répondu grossièrement
Evidemment il a refusé de venir (??) Grossièrement il a répondu
*C'est évidememnt qu'il a refusé de venir C'est grossièrement qu'il a répondu
En conclusion ces adverbes ont des comportements différents qu'on peut schématiser dans un premier temps en disant que grossièrement porte sur l'ensemble de la phrase (il peut être entouré de c'est...que) alors que évidemment ne porte que sur le verbe.
Exemple des compléments de verbes :
a) Combien de compléments admet le verbe parler?
Il parle [ ]
Il parle [*sa vie]
Il parle [de sa vie]
Il parle [à ta mère]
Il parle [de sa vie] [à ta mère]
Le verbe parler a donc deux compléments optionnels.
b) Compléments circonstanciels et COD
Bernard a dessiné cette semaine Cette semaine Bernard a dessiné
Bernard a dessiné cette fleur *Cette fleur Bernard a dessiné
Cette fleur est un complément essentiel (très lié au verbe) et n'est donc pas très mobile contrairement au complément circonstanciel.
4- La transformation